Les mûles
E(P)
Situé dans le Haut-marais de l’Isle au-Grues, le projet s’intéresse au processus de génération de la forme en donnant libre court à une expression plus directe des réalités climatiques et matérielles spécifiques à l’écosystème hôte.
Plutôt que d’adhérer à une approche écologique visant la protection d’une «nature» intouchée par l’être humain et sa «culture», l’objectif est ici de faire en sorte que ces deux pôles puissent se fondre l’un dans l’autre en prenant pour parti que cette dualité qui persiste dans la discipline nuit au développement d’une relation plus profonde entre architecture et environnement. Plutôt que de tenter d’éliminer la conscience humaine du processus de prise de forme, elle persiste, mais devient un intrant possédant un poids égal à d’autres agentivités non-humaines. Le processus de design vient alors amplifier l’agentivité d’environnements existants (humains et non-humains) grâce au potentiel de la simulation numérique qui permet une lecture nouvelle de phénomènes autrement imperceptibles.
Le vent avait été identifié comme étant un facteur climatique dont l’impact était particulièrement significatif sur l’île et guide l’approche formelle. L’approche matérielle, quant à elle, est informée par les propriétés du foin de mer poussant dans le Haut-marais pour des raisons historiques, écologiques et culturelles.
Tel les mûles qui étaient autrefois construites dans le Haut-marais pour entreposer le foin de mer, trois nouvelles «mûles» prennent forme. Chacune d’entre elles est associée à l’un des trois vents dominants dans le fleuve Saint-Laurent et en devient une trace matérielle qui persistera un certain temps dans le paysage. Chacun de ces vents est associé à des caractéristiques physiques qui lui sont propres et qui ont des impacts importants sur les ambiances climatiques des espaces générés.
La typologie de la mûle devient l’interface entre les contraintes climatiques du vent et matérielles du foin, tout en étant une manifestation du passé agricole du Haut-marais.