Implanté au cœur de la mine de cuivre Rio Tinto, dans le sud de l’Espagne, le projet d’architecture s’ancre dans un paysage d’une ambiguïté saisissante, oscillant entre fascination esthétique et effroi environnemental. Ce site, dont la matière extraite, le cuivre, est omniprésente dans notre quotidien, en fait un terrain d’intervention exceptionnel par ses dimensions monumentales, ses couleurs sanguines et son apparence presque surnaturelle. Il devient le témoin muet, mais éloquent, des transformations irréversibles que cause notre mode de vie sur l’environnement.

Le projet se déploie en un parcours de démesure, autant architecturale que paysagère, composé d’une série de moments où la relation entre l’humain et la nature est mise en scène. En exposant tant l’origine de cette relation que ses conséquences, l’intervention cherche à révéler la complexité des dynamiques de l’anthropocène. Dans ce projet, la manipulation du paysage ne répond pas à une logique extractive, mais à une intention idéelle, artistique. Le site n’est plus un simple décor, il devient la sculpture elle-même : un acteur, un témoin et un médiateur entre l’histoire du paysage et l’histoire humaine.

Cette traversée du lieu s’appuie sur une expérience sensorielle intense, fondée sur l’esthétique du sublime. L’architecture, par ses gestes imposants, place les visiteurs dans une position à la fois vulnérable et contemplative. Le projet vise à provoquer des réactions profondes, entre émerveillement et terreur, qui poussent un éveil de conscience chez les spectateurs.

Les visiteurs sont également exposés à une étrangeté omniprésente durant leur parcours. Une étrangeté qui se manifeste non seulement par une mise en scène de l’environnement sous un angle inattendu et troublant, mais également par les dissonances que le projet incarne : tourisme et destruction, critique et contemplation. Ces tensions deviennent les moteurs d’une œuvre qui invite à repenser notre rapport à l’environnement dans un monde marqué par ses propres contradictions.