Sillage de la mémoire explore le pouvoir oublié de l’odorat en architecture, un sens pourtant intimement lié à nos souvenirs, nos émotions et notre perception des lieux. Effectivement, les odeurs façonnent notre rapport au monde, ravivant, avec une précision saisissante, des fragments de vie, de lieux et de sensations.


Ce projet cherche alors à réintégrer cette dimension invisible mais essentielle, en faisant du parfum un vecteur de narration, de lien affectif et d’ancrage territorial. Par cette approche, la parfumerie devient un processus vivant, artisanal et accessible. Elle se rapproche de la terre et des paysages du quotidien. Le parfum n’est plus un luxe élitiste, mais une expérience partagée, intime et collective, qui révèle la profondeur invisible des lieux.


Face à la dévaluation sensorielle de l’espace contemporain et à l’appauvrissement des paysages olfactifs, cette recherche-création propose une réconciliation entre sens, territoire, mémoire et architecture : une reliance. À la croisée de la parfumerie et de l’espace bâti, elle interroge de quelle manière les odeurs peuvent influencer la perception d’un espace architectural, tout en contribuant à renforcer l’identité d’un lieu et à l’ancrer dans la mémoire individuelle et collective.


Cet (essai) projet évoque cette trace olfactive persistante, incarnant un parfum porteur de souvenirs, enraciné dans la matière première et le territoire de Charlevoix, qui prolonge l’expérience architecturale au-delà du visible. Ainsi, il propose un parcours sensoriel à travers les saisons, où le parfum s’émancipe du flacon pour vivre dans l’espace, et où l’émotion intangible est encapsulée. La proposition invite à ralentir, à ressentir, à se souvenir. Une architecture vivante et sensible, où les effluves prolongent l’essence du lieu, infusent sa projection jusqu’à l’individu, et laissent derrière eux une trace invisible mais durable : le sillage de la mémoire.