


Maxime Vaillancourt-Cossette
Unité 9
Supervisé par Jean Verville
Une architecture plurivoque
Engager l’architectaire par la narrativité
E(P)
Alors que plusieurs disciplines artistiques embrassent la richesse sensible et poétique qu’une œuvre plurivoque peut évoquer, l’architecture répond souvent avant tout à des impératifs fonctionnels et économiques ; la profondeur narrative qu’elle pourrait susciter demeure souvent accessoirisée. C’est sur la base de ce constat que l’essai s’interroge : quelle architecture spéculative pourrait suggérer une multitude d’interprétations et ainsi, offrir une expérience esthétique sensible à l’architectaire? L’ambiguïté se pose comme hypothèse, cette qualité de plurivalence intrinsèque à toute poésie devant laquelle l’on ne peut prendre position de manière définitive. Dans plusieurs formes d’art, l’ambiguïté naît de l’imbrication de significations impertinentes, voire contradictoires. Et si l’architecture était elle aussi portée par une multitude de sens?
Le projet architectural offre un regard sur cette hypothèse en s’implantant sur un site hautement paradoxal. La carrière Francon, vaste et magnifique, mais invisible et inaccessible, est utilisée comme dépotoir à neige. L’intervention, une usine-liaison-paysagère-habitable, ne cherche ni à se dissimuler par l’imitation, ni à se mettre en évidence en tant qu’objet. La structure mécanisée pompe l’eau issue de la fonte de la neige et la filtre par osmose inverse. L’eau approvisionne les architectaires et la végétation, tandis que le rejet salin se cristallise sur des panneaux, formant une nouvelle strate paysagère minérale artificielle. Stérile et pollué, verdoyant et hivernal, artificiel et naturficiel, architecture et paysage s’entrelacent tandis que le déchet devient ressource sans jamais offrir l’opportunité de complètement saisir cette trajectoire. L’ambiguïté s’y révèle aussi de manière programmatique ; les espaces échappent aux catégories fonctionnelles pour offrir un spectre de degrés d’intimité au travers d’une continuité spatiale et d’une variété de parcours. L’intervention n’est pas constituée d’une juxtaposition de fonctions, mais bien de l’imbrication en tout point de l’usine, du paysage, de la liaison et de l’habitable.