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De l’Harmonie
Marc-Antoine Carrière

Unité 3

Supervisé par François Dufaux

De l’Harmonie

L’harmonie comme concept architectural de continuité encourageant le bien-être physique et psychologique.

E(P)

Je pense que la motivation profonde, sombre et tacite d’une grande partie du mouvement de préservation n’est pas tant l’amour de ce qui est préservé que la peur de ce qui le remplacera.
- Paul Goldberger

Le culte contemporain du patrimoine, symptôme d’un malaise sociétal — soit cette perte, comme l’annonce Françoise Choay, de notre compétence à édifier — constitue l’un des principaux problèmes auxquels l’architecture contemporaine fait face. La Révolution industrielle a provoqué une onde de choc au sein de la culture occidentale et marque la frontière entre deux traditions architecturales distinctes. Bien que cette cassure ne se soit pas produite du jour au lendemain, elle s’est installée progressivement, s'accélérant avec le développement de la culture architecturale moderne. Parallèlement, la question patrimoniale a pris de l’importance, à mesure que l’irremplaçabilité de l’héritage des générations précédentes — pourtant en péril — devenait manifeste. Mais pourquoi cet attachement à ce qui fut, et ce malaise face à ce qui est et sera ?

À la suite d’une analyse historique, théorique et culturelle du développement des théories patrimoniales des derniers siècles, ainsi que des théories liées à la neuroesthétique, cet essai-projet postule que le désir, inhérent au mouvement moderne, de produire une architecture de contraste, au détriment de l’harmonie entre les styles et les époques, est à l’origine de ce fétichisme patrimonial. Il propose ainsi une réflexion sur le concept d’harmonie architecturale, en insistant sur la continuité esthétique avec le passé. L’harmonie, définie par les quatre principes architecturaux que sont la symétrie, les proportions, l’ornementation et la couleur, est essentielle à la création d’une architecture sensible au bien-être psychologique et physique des êtres humains, capable de renouer avec la tradition sans tomber dans la simple reproduction.

C’est à partir de cette réflexion que prend forme un projet de réhabilitation et de transformation du complexe de l’Hôtel-Dieu de Québec, dans l’objectif de remplacer la tour Talbot, construite en 1955 et symbole d’un modernisme assumé en contraste radical avec l’environnement bâti immédiat, par de nouveaux bâtiments respectueux de l’implantation et des formes historiques des constructions anciennes. En se fondant sur les quatre principes architecturaux mentionnés plus haut et en les associant à un programme respectant la mission d’hospitalité de l’Hôtel-Dieu, le projet De l’Harmonie propose une nouvelle relation au patrimoine bâti, où le contraste maniéré cède la place à la continuité.

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