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La traversée
Manon Joulin

Unité 2

Supervisé par Philippe Champagne

La traversée

La scénographie de l'eau comme formant spatial de l'expérience du deuil

E(P)

« Une goutte d’eau puissante suffit pour créer un monde et dissoudre la nuit. »
Gaston Bachelard, L’Eau et Les Rêves, 1993


C’est dans un contexte où la société s’exprime comme étant de plus en plus pluriculturelle et laïque que cet essai (projet) s’intéresse au rôle de l’eau comme générateurs d’ambiances sensibles dans un projet d’architecture funéraire, permettant de spatialiser l’expérience du deuil accompagnant la mort.

Le changement de paradigme concernant la religion, jumelé au métissage culturel de la société québécoise, a totalement transformé le rapport à la ritualité de la population. Cependant, dans le cas de la mort, il n’existe pas de société sans rituel funéraire. Si les Québécois se voient de facto sous l’emprise de rites ne leur correspondant plus en raison de ce renversement culturel. Force est d’admettre que l’ancrage des formes de rituels produit un impact direct sur la mémoire collective. De cette réalité résulte un déni de la mort et un rejet du deuil qui l’accompagne. Ainsi, à la douleur de la perte d’un être cher s’ajoute le silence d’un deuil exilé.

L’eau, par son symbolisme universel, sa transculturalité et son pouvoir onirique, apparait alors comme un élément matériel sensible et porteur de sens pour étudier l’expérience du deuil, jusqu’à présent ignoré par notre société de performance et de conformisation. En s’appuyant sur la psychanalyse de Gaston Bachelard traitant de l’imaginaire matériel de l’eau dans son ouvrage L’Eau et Les Rêves, cet essai (projet) explore l’avenue d’une architecture de mise en scène, en développant sur le potentiel onirique de l’eau comme formant de dispositifs spatiaux sensibles et adaptés à l'expérience du deuil.

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