L’Éloge des paysages de Lemieux
Une scénographie immersive en bordure du fleuve
E(P)
La question du paysage constitue l’un des piliers fondateurs de la pratique artistique du peintre québécois Jean-Paul Lemieux (1904-1990), notamment à partir du moment où il quitte l’enseignement à l’École des Beaux-Arts de Québec afin de s’établir de manière permanente à l’Isle-aux-Coudres en 1967. Apprenti dans l’atelier de Suzor-Côté et admiratif du Groupe des Sept, Lemieux vient capturer par sa peinture la puissance spirituelle de la nature canadienne, symbole de l’identité nationale. C’est d’abord cette relation entre le peintre et le paysage que l’essai tente d’affilier, soit en révélant le rapport affectif qui les lient.
Ainsi, l’essai (projet) s’intéresse à la mise en architecture d’un espace commémoratif du souvenir du passage de l’artiste sur l’île, comme un mémento qui met en scène autant son patrimoine matériel et immatériel dans une expression métaphorique sensible entre le paysage insulaire et l’essence de la pratique du peintre.
Le projet se divise en deux volumes ; d’abord, un bâtiment principal vient accueillir la salle d’exposition, l’essentiel du programme. Ensuite, un bâti externe, plus intime en bordure d’un étang, où sont concentrés les espaces d’ateliers. Cet espace dédié à la création constitue le point d’arrivée du parcours, où l’usager transpose les images et les moments d’inspiration pour donner suite à son passage dans le bâtiment principal, comme un tremplin phénoménologique pour plonger « l’artisan » dans le monde spirituel de Lemieux, dans son univers créatif.
Cette mise en valeur des caractères d’intériorité et d’intimité véhiculés par ses oeuvres s’effectue par le biais de l’élaboration d’une architecture comme un outil de contemplation de l’immensité du paysage insulaire.
Ainsi, cette intervention tangible sur le territoire perpétuerait son legs dans la mémoire collective et constituerait un autre élément s’ajoutant à son patrimoine matériel.