Au Nunavik, l’insécurité alimentaire touche 84 % de la population. Dans cette région au climat arctique, à la photopériode variable et à la végétation quasi absente, aucune culture ne survit en plein sol. Les aliments doivent être importés du sud, à des prix presque deux fois plus élevés qu’ailleurs. Face à cette réalité, le projet Nuniappoq propose une réponse architecturale intégrée, où l’habitat devient vecteur d’autonomie alimentaire et de résilience culturelle.

Inspirée de la cabane inuite, du kayak et des congères, la forme ondulée et aérodynamique du bâtiment protège des vents dominants et s’implante avec cohérence dans le paysage. Sa structure s’appuie sur des principes de légèreté et d’assemblage discrets, rappelant les techniques inuites traditionnelles.
Le projet intègre trois niveaux de serres : saisonnières, intermédiaires et intérieures. Celles-ci permettent de cultiver légumes, petits fruits, fines herbes et plantes traditionnelles, selon les saisons et les conditions de lumière. Chaque logement est dimensionné pour produire 2 m² de culture par habitant, assurant ainsi une autosuffisance de base, avec un surplus communautaire redistribué.

Les serres jouent aussi le rôle d’espaces tampons thermiques. Leur séquence : porche froid - porche chaud - espace de vie, permet une meilleure conservation de la chaleur. Les matériaux choisis, la gestion thermique et la récupération d’eau de pluie complètent une approche durable, enracinée dans les pratiques culturelles locales.

Enfin, des espaces intermédiaires abritent les pratiques culturelles essentielles : préparation du gibier, artisanat, partage communautaire. Nuniappoq devient ainsi plus qu’un habitat : c’est un lieu de vie, de partage et d’autonomie, au service de la communauté et de son avenir.