


Emilie Deschamps
Unité 1
Supervisé par Sébastien Bourbonnais
Ceci n’est plus une gare
Valoriser l’absence de fonctions des gares patrimoniales de Shawinigan
E(P)
Dans notre société contemporaine obsédée par le fonctionnalisme, nous cherchons à tout prix à éviter l’inutilité. Quand un bâtiment perd sa fonction originelle, le premier réflexe des architectes est souvent d’essayer de lui trouver une nouvelle utilité. Qu’arriverait-il si nous posions un geste architectural ne cherchant pas à traduire spatialement les besoins d’un usage donné, mais bien à embrasser l’inutilité de l’espace ?
Et si on créait un bâtiment-sculpture qui formerait un parcours libre et itératif, suscitant des émotions chez un visiteur et cherchant à lui offrir une expérience poétique, libérée de toute fonction ?
C’est ce que tente d’imaginer le projet « ceci n’est plus une gare » : un bâtiment sans programme ni fonctions, un lieu complètement et délibérément inutile.
À Shawinigan, deux gares patrimoniales — celle du Canadien Pacifique, abandonnée et acquise par la Ville, et celle du Canadien National, toujours en fonction, mais nettement sous-utilisée — seront fusionnées en une seule et même entité. La gare du CN, une réplique assumée de celle du CP, l’accueillera en ses murs, générant ainsi des espaces où les humains et les autres êtres vivants pourront progresser, sans aucune forme de conditionnement fonctionnel.
La maquette, à l’échelle 1:25, a été un outil vivant : assemblage de photographies, de dessins et d’objets trouvés, elle refuse toute idée d’une forme arrêtée, embrassant l’idée d’un processus pouvant être infini.
Ce projet propose de célébrer le banal, l’oubliable, l’inutile — tout ce que l’architecture tente habituellement d’effacer. Il nous invite à valoriser non seulement la poétique des espaces anti-programmatiques, mais aussi de l’inutilité du travail acharné, de la tentative d’épuisement du quotidien.