Ce projet s’ancre dans une réflexion sur le dépérissement du patrimoine mineur québécois, accentué par l’étalement urbain et les pratiques de démolition dans l’industrie de la construction. Dans un contexte de demande croissante en logement abordable, les villes s’étendent, sacrifiant leur paysage et leur mémoire bâtie au nom de la rentabilité.

Face à cette logique extractiviste, la déconstruction apparaît comme un outil de redirection. Elle invite à percevoir la ville comme une mine urbaine, où les matériaux des bâtiments en fin de vie peuvent être soigneusement désassemblés, transformés et réemployés selon une vision circulaire et durable.
Le projet prend forme à Lévis, un territoire en pleine expansion. Il s’appuie sur deux bâtiments promis à la démolition — les anciennes scieries Mercier et le Centre Jeunesse de Lévis — pour concevoir un parc du réemploi : une matériauthèque habitée et évolutive, construite à partir des composantes récupérées, transformées.

Ce parc comprend quatre pavillons expérimentaux, chacun explorant un langage constructif propre (bois/métal, brique, béton, acier). Les assemblages, inspirés de techniques artisanales préindustrielles, sont pensés pour être réversibles et modulables, permettant à chaque élément d’avoir une seconde vie.
Ce projet propose une réponse sensible et poétique à la crise matérielle actuelle : une architecture en transition, qui transforme déchets en ressources, et les ruines en opportunités d’habiter autrement. Une démonstration tangible du pouvoir du réemploi, à la croisée de la mémoire et de l’innovation.