La butte à moineaux
Le regard de l’enfance pour une métamorphose de la ville
E(P)
La butte à moineaux, surnom donné au quartier Saint-Sauveur dans la première moitié du XXe siècle à cause de son caractère bruyant et animé, est un projet qui propose de replacer l’enfant au coeur des considérations, pour réimaginer l’aménagement de nos villes à travers le regard créatif de l’enfance, et ainsi opérer une métamorphose de l’espace urbain. Les transformations urbaines et sociales du dernier siècle ont relégué l’enfant en dehors de l’espace public. La rue, jadis son royaume, ne lui appartient plus. Pourtant, elle rassemble les conditions essentielles pour le jeu ; l’enfant, lorsqu’il lui est permis, exploite tout ce que fournit le paysage urbain, utilisant les accidents architecturaux selon son envie du moment. De plus, en tant qu’espace liminal, la rue est le lieu de passage du chez soi à l’ailleurs, un lieu de découverte d’altérités multiples. La discontinuité du tissu urbain, la séparation et la spécialisation des fonctions, ainsi que la prédominance de l’automobile, font en sorte que la ville post-industrielle est devenue hostile à l’enfant. L’espace public lui ayant été dérobé, on lui a fourni des terrains de jeu et des centres sportifs, des espaces surprogrammés qui laissent trop souvent peu de place à l’exploration, à l’imagination, à la découverte, à l’appropriation. Face l’échec de la ville moderne d’offrir à l’enfant, et par extension à tous ses occupants, une expérience riche et diversifiée, cet essai-projet plaide en faveur d’une ville ludique et connectée à l’échelle humaine. Dans cette optique, il tente de répondre à la question suivante : comment l’expérience spatiale des enfants et les pratiques du jeu peuvent-elles informer la création d’un réseau de lieux ludiques et rassembleurs pour les enfants en milieu urbain ?