


Cédric Harvey
Unité 1
Supervisé par Samuel Bernier-Lavigne
Terre à tribord
Halte maritime et machine-paysage au quai de Rivière-du-Loup
E(P)
L’essai(projet) s’intéresse à la terre comme matériau remanié, déplacé, réorganisé à l’échelle territoriale. Cette matière millénaire rencontre aujourd’hui l’outil numérique pour créer des spatialités éphémères et évolutives, à la fois issues du site et résultat des forces géologiques et anthropiques.
À la rencontre du Saint-Laurent, la terre se diffuse sous l’action des vents, des vagues et des marées et entame un long voyage vers l’estuaire. À Rivière-du-Loup, l’envasement perpétuel du havre témoigne de ces forces d’érosion et de sédimentation qui sculptent le territoire. Année après année, la vase qui s’y dépose est draguée, puis laissée au large, dans un cycle sans fin. La pérennité de la traversée vers Saint-Siméon en est affectée, menant à envisager l’abandon de ce lien centenaire et de l’héritage maritime qui l’accompagne.
Le projet propose ainsi une alternative à la relocalisation par la création d’une machine-paysage, utilisant la vase prélevée in situ pour créer un parc sédimentaire et une halte maritime. Une drague parcourt le havre et achemine le sédiment vers la halte maritime, qui décante et prépare la matière et l’achemine vers le parc. Des mâts robotiques y tissent ensuite la terre, couche par couche, construisant des monolithes entre architecture et paysage. Les interstices qu’on y retrouve accueillent éléments et végétaux, accélérant dégradation, création et re-création d’une topographie à l’image de l’estran qui l’entoure. On déambule entre ces structures devenant vallons, cadrant une succession de moments paysagers vers le fleuve et les montagnes.
Tel un navire à quai, la halte maritime permet d’observer cette danse robotique saisonnière, en attendant la prochaine traversée. Mâts, bômes et haubans rappellent l’historique de la construction navale et abritent des espaces d’attente et de réunion au cœur du fleuve. Devant l’immensité, on y aperçoit cette matière fluviale, témoin du passage du temps et du tumulte invisible de ce qu’on nomme, à tort et à raison, le long fleuve tranquille.