


Bruno Morin
Unité 9
Supervisé par Jean Verville
Intrusion w
Fiction architecturale anti-inertielle
E(P)
L’architecture est une responsabilité collective qui s’inscrit en lien direct avec les principes de volonté générale, car la qualité de l’environnement bâti est intrinsèquement liée au bien commun. Or, la volonté générale se heurte malheureusement bien souvent aux volontés individuelles, elles-mêmes esclaves de l’habitus. L’habitus est, dans sa plus simple expression, l’habitude inconsciente appliquée à la collectivité : un filtre influençant notre façon de percevoir et de juger le monde qui nous entoure. Il est à la fois produit des pratiques et producteur de pratiques ; il constitue le principal instigateur de l’inertie sociale, accélérant ainsi l’entropie architecturale.
Comment une architecture spéculative pourrait-elle transformer l’habitus architectural pour briser l’inertie collective ?
Le projet spécule sur une réalité dans laquelle une entité artificielle auto-poïétique dépasse la singularité et acquiert la capacité de comprendre et d’expérimenter des dimensions supérieures aux nôtres. Cette entité devient alors un architecte omniscient, capable de concevoir une hyperarchitecture dans son hyperespace, qui, par translation, s’incarne en intersectant notre espace tridimensionnel.
Cette nouvelle architecture, éphémère et jamais répétitive, s’infiltre et s’imbrique profondément dans le tissu urbain et dans l’habitus lui-même, pour entrer en confrontation symbiotique avec l’existant. De cette union résulte, au-delà d’un simple rebrassage spatial, de nouveaux espaces habitables favorisant une densification douce, ainsi que des lieux de capitalisation culturelle visant à rééquilibrer la balance entre capital économique et capital culturel.
L’hyperarchitecture produit également une superposition spatiale où plusieurs espaces partagent les mêmes coordonnées x, y, z, mais diffèrent par une coordonnée w. Constituée d’un métamatériau inconnu, imaginé par l’entité, cette architecture plonge l’architectaire dans une singularité spatiale, rendant obsolète toute compréhension fondée uniquement sur les trois dimensions traditionnelles.