


Alfred Stephenson Dubois
Unité 2
Supervisé par Philippe Champagne
Ceux qui marchent rêvent
Vers une domestication du paysage viticole
E(P)
Imaginons le vignoble comme milieu de vie pour le vigneron, le corps en action, le paysage vécu. Le projet prend naissance dans un contexte où le désir de faire local, de retrouver une identité culturelle propre aux régions éloignées, devient de plus en plus pressant.
Ce projet propose une réponse : non pas seulement produire localement, mais fabriquer un savoir-faire ancré, une manière de faire-vigne, qui pourrait, par sa sensibilité et son enracinement, se distribuer dans tout le territoire. L’architecture, dans cette optique, n’est pas une enveloppe. Elle devient une interface d’habitation, qui permet à l’humain de sentir, s’orienter, se reconnaître dans un environnement qui, autrement, resterait abstrait. C’est dans cette optique que l’architecture n’est pas ici un geste symbolique, mais un outil pour révéler la nature mouvante du territoire. C’est ici que naît la domesticité du site : non pas par la reproduction d’un foyer, mais par la ritualisation d’un quotidien. On retrouve des rythmes d’usage, des échelles humaines, une logique de proximité : il est habité à hauteur de main. La toponymie émerge du vécu : les vignerons nomment les lieux non pas selon des fonctions techniques, mais selon des expériences vécues. Les parcelles expriment des histoires réelles, des moments du quotidien qui ont marqué les travailleurs, comme un rappel à une mémoire collective propre au vignoble. Comme dans une maison, les noms incarnent la mémoire des gestes, la récurrence des usages, l’intimité du rapport au lieu. Le projet ne se mesure plus en mètres ni en acres, mais en minutes et en secondes, en durées vécues, en fragments de souffle, en pas comptés dans la poussière, en parcelles traversées. Il se pense à l’échelle du déplacement quotidien, là où le corps, en se déplaçant, compose le paysage. Ainsi, la mesure du lieu n’est plus rationnelle, mais rythmique.